Protagonists

Laurence

Bien que Laurence soit un oiseau de nuit, son amour pour les couleurs saturées et la lumière se traduit autant dans l’esthétique de son travail artistique que dans sa vie personnelle, à travers sa passion pour la décoration intérieure et la mode. À toute heure du jour, on peut trouver Laurence en train…

  • de faire la sieste
  • de s'occuper de son jardin
  • de jouer avec son chat sphynx Vashti (@queenvashtisphinx)
  • de boire trois boissons à la fois
  • et de faire des listes !

C’est à l’adolescence que Laurence commence à créer des images et à les diffuser sur les réseaux sociaux. En 2014, iel attire l’attention internationale en remportant le Curator’s Choice Award [Choix du commissaire] de Vogue dans le cadre du projet 20under20 de Flickr. Au fil des années, Apple, Adidas, Lacoste et Calvin Klein font appel à ses talents. Aujourd’hui, en tant que photographe trans non binaire, Laurence place la diversité de genre au cœur de son travail. Ses projets Non-Binary Series [Portraits non binaires], Lucky et Me vs Others [Moi contre les autres] ont été exposés et publiés partout à travers le monde.

Dans l’essai photographique Puberty [Puberté], Laurence raconte deux années de sa vie alors qu’iel suit un traitement hormonal substitutif. Documents intimes, les photos autobiographiques se nourrissent de son quotidien et exposent sous un éclairage positif des détails souvent cachés de la vie des personnes trans, comme les injections d’hormones ou la nudité non binaire. Avec sa photographie, Laurence a développé une éthique de la sollicitude, où la vulnérabilité devient puissance, et où l’humanité de sujets trop souvent marginalisés est rehaussée par une palette colorée. Chez Laurence, le rose et l’orange fluo ont aussi une valeur politique. 

Acheter le livre

Laurence avance l’espoir d’un futur où les personnes trans seraient protégées et reconnues par la loi, et où elles auraient accès, sans discrimination, aux services sociaux, au logement, à la sécurité financière et aux soins de santé. Iel souhaite vivre dans une société qui ferait preuve d’un plus grand respect et qui manifesterait plus d’amour envers les personnes qui ne correspondent pas aux attentes liées à l’expression de genre.

Nina

Nina a dû lutter pour trouver son safe space*, au sens propre, comme au sens figuré !  Par le passé, iel a fait partie de la League of Lady Wrestlers [Ligue des lutteuses], un mouvement féministe et performatif qui s'attaquait aux stéréotypes de genre sur le ring, un contexte propice à l’exploration et à l’acceptation de son identité queer. Cette expérience lui a appris qu’il faut toujours partir de soi dans les relations et les communautés que l’on crée. Aujourd’hui, c’est avec l’art-thérapie que Nina renouvelle cette affirmation de soi.

*espace bienveillant

Artiste autodidacte, Nina a commencé à dessiner avant même de savoir parler. Après un parcours en illustration et en peinture murale, iel décroche un diplôme en éducation artistique communautaire. Iel publie régulièrement des zines et des bandes dessinées indépendantes et travaille à divers projets de romans graphiques. Avec des médiums aussi différents que l’aquarelle, une tablette et un crayon numériques, Nina explore les thèmes de l’identité de genre, de la mémoire et des rituels quotidiens, inspiré·e de ses expériences personnelles. Ses œuvres récentes comprennent Cosmic Daily Diary Comics [Journal intime cosmique en bandes dessinées], qui célèbre sa vie à Montréal auprès de Laurence, avec qui iel partage un petit appartement chaleureux avec leur chat sphynx, Vashti.

Nina ressent un malaise par rapport aux rôles genrés traditionnels, mais iel n’a pas toujours eu le vocabulaire nécessaire pour l’exprimer. Après plusieurs années de solitude et de confusion, Nina apprend à mieux comprendre et exprimer son rapport au genre, notamment grâce à l’art. C’est quand iel réalise son projet Am I Gay Enough ? [Suis-je assez gai·e?] qu’iel parvient à saisir sa propre non-binarité. Aujourd’hui, sa pratique artistique lui permet de se recentrer sur soi et de se sentir lié·e aux autres.

Lucky

Lucky est un·e collectionneur·euse, qui ne peut s’empêcher de s’entourer d'objets à la fois cocasses et réconfortants, comme des figurines d’E.T. ou des objets kitchs grappillés au fil des ans. Affichant un style décontracté, Lucky a probablement oublié de se raser aujourd’hui, iel essaie encore et toujours d’arrêter de fumer et n’a toujours pas son permis de conduire. Ses petits plaisirs coupables : écouter de vieux films VHS en buvant du cola aux cerises et s’occuper de ses grenouilles et de ses crevettes miniatures.

Personne trans non binaire, c’est avec Laurence que Lucky a vécu sa première relation amoureuse alors qu’iels étaient au cégep. Lucky partage aujourd’hui sa vie avec Eliza, une personne transgenre originaire de Kanehsatà:ke qui se passionne pour le skateboard et la musique. Iels collaborent sur différents projets musicaux, dont Leash Agression, un groupe de heavy métal et Kahero:ton, la nouvelle formation musicale de Eliza. Autant dans sa vie personnelle que professionnelle, Lucky milite avec passion pour les droits des personnes LGBTQ+. Iel œuvre comme travailleur·euse social·e en approche de réduction des méfaits et coordonne des services de soutien, de prévention et d’éducation à la santé sexuelle dans la lutte contre le VIH et l’hépatite C.

Pour Lucky, la non-binarité représente d’abord et avant tout une manière d’être et d’entrer en relation avec le monde. Pour iel, cela signifie qu’il n’existe pas d’identité univoque ou unidimensionnelle. Lucky refuse l’idée selon laquelle les gens pourraient être rapidement compris en fonction de catégories préétablies. Sa conception non binaire de l’identité considère que les êtres et les choses sont dans une fluidité permanente, fluidité par laquelle toute relation vraie, à l’autre ou à soi, est possible. Pour Lucky, la non-binarité est une quête sans cesse renouvelée de nouveaux lieux et modes d’appartenance.